Démarche
Ah ! La couleur !! Vive la couleur !! Franche, expressive, profonde, sombre ou lumineuse, violente ou tendre… et quel bonheur quand l’émotion est au rendez-vous !
J’aime travailler les couleurs et les reliefs, en considérant chaque toile comme un terrain de jeu, d’expérimentation, d’expression…
Je ne maîtrise jamais complètement les traces de peinture que laissent mes outils et mes gestes. Cette maîtrise ne m’intéresse pas. Au démarrage d’une nouvelle toile, je préfère garder une part de hasard dans mon travail, pour pouvoir ensuite composer et jouer avec ces empreintes, dans une quête d’équilibre et d’harmonie dans la toile. Ainsi, la liberté et la spontanéité des premiers gestes engendrent des contraintes et de la réflexion pour les gestes suivants. Alors, je dois sentir le moment où tout rajout devient superflu voire pire, dégrade le résultat final. Puis, devant l’infinité des possibilités, frustrée de ne pouvoir concrétiser toutes mes idées sur la même toile, je reprends une nouvelle toile, encore et encore…
– Qu’avez-vous voulu représenter ?
– Rien de particulier, je me laisse porter par la couleur. Je peins d’abord et surtout avec ma sensibilité, ensuite avec ma tête. Mais vous, que voyez-vous ? Que ressentez-vous ?
– et bien là, je vois… et là, on dirait… (et s’ensuivent des interprétations variées).
ou bien
– je ne vois rien de particulier, mais cette couleur me touche… [silence]
… et là commence un autre bonheur… celui d’observer les regards posés ou d’entendre les multiples interprétations, non par narcissisme, mais simplement car c’est le signe que chacun peut s’approprier mon travail à travers le filtre de sa propre sensibilité, guidé par les émotions sincères suscitées par les couleurs et les reliefs.
C’est dans cette intention que je n’impose à mes toiles abstraites ni titre, ni orientation. Ainsi, peintre et spectateur jouent successivement un rôle. Quand l’un agit et peint avec ce qu’il est, sa sensibilité, ses émotions, son histoire, l’autre, sans guide ni limites, peut lire et interpréter lui aussi avec ce qu’il est, sa sensibilité, ses émotions, son histoire.
Alors, souvent, le spectateur a envie de lire mes peintures du bout des doigts, d’en suivre les reliefs, les aspérités, les plaies, d’effleurer ses surfaces plus douces et paisibles, de ressentir toutes ces traces posées sur la toile comme autant de marques laissées par les expériences de la vie.
« Pour elle, la couleur n’est pas seulement un moyen de transcrire des émotions, elle est l’émotion même ! […] L’œuvre très aboutie de Caroline Varlot entraîne de surprise en surprise avec des tableaux dans lesquels chacune des couleurs primaires se taille à tour de rôle la part du lion.»Journal de Saône et Loire le 01/11/2013 J.-Marc Vuillamy